Bon, voilà comme promis le début de mon BG...je sais, je suis un peu tard, mais j'ai eu beaucoup de trucs à faire aujourd'hui...
Jorhgan mis à nouveau un pied devant l'autre, écrasé par le poids de son armure. Il n'en pouvait plus. Cette maudite montagne n'en finirait donc jamais? Il tourna la tête et dévisagea les hommes à ses côtés, exténués eux aussis. C'était risqué. Les envies de mutinerie de ses hommes n'allaient pas s'arranger avec cette marche forcée dans les hauteurs. Mais avait-il réellement d'autre choix? Depuis que Jorhgan avait surpris une conversation entre ses lieutenants parlant de l'éliminer une bonne fois pour toute, il ne dormait plus. Il est vrai que les victoires avaient été rares ses temps-ci. Très rares même depuis qu'il avait pris le commandement du bataillon suite à la mort de Kelghar. Était-ce de sa faute? Nul ne pourrait le dire. Il faisait partie de la vieille école. Jorhgan pratiquait la magie certes, mais continuait également à pratiquer l'art du combat. De fait, il n'était vraiment doué ni pour l'un, ni pour l'autre. Mais il n'avait pas dit son dernier mot. Sentant qu'il le fallait, il prit la parole.
-Nous y sommes presque mes frères, encore quelques heures de marche, et nous atteindrons le lieu du rituel. Je vous avais promis la gloire et la puissance, vous les aurez ce soir!
L'acclamation qui suivit était forcée, il le savait. Plus personne n'avais confiance en lui, et si tout ne prenais pas fin cette nuit, il en payerais le prix fort.
La lune éclairait le ciel dépourvu de nuages. Un vent hurlant tout droit venu du Nord ajoutait à l'ambiance glauque du crépuscule. Cela faisait maintenant deux heures que ses sorciers psalmodiaient autour des symboles impies et des flammes démoniaques. Cette attente rongeait les nerfs de Jorhgan jusqu'au sang. Il sentait sa vie menacée à chaque instant. Il attendait que l'un d'eux prenne la parole et soulève les troupes contre lui. Pour se calmer, il sortit son liber obscurantis de son sac, grattant par réflexe le sang séché sur la couverture. Il feuilleta rapidement les pages écornées pour enfin admirer les sigles obscures qui l'intéressaient. Il pria brièvement les puissances de la ruine, puis, réalisant qu'il allait craquer mentalement sous peu, il se leva, gardant la page de son pouce, et fit quelques pas en direction des thaumaturges.
-Laissez moi, je dois terminer les incantations seul.
Ils s'inclinèrent respectueusement et partirent se fondre dans la foule de guerriers, qui s'étaient levés eux aussi, pour mieux profiter du spectacle.
-Notre heure est venue, mes amis. Les Dieux sombres ont entendus nos prières, je vais maintenant en notre nom à tous intercéder à leur chevet pour que nous recevions la récompense que nous attendons tous. Nous allons enfin recevoir le payement de nos actes!
Cette fois-ci, les cris lancés dans l'assemblée paraissaient plus sincères. Peut être son stratagème avait-il finalement fonctionné comme il l'espérait?
Retrouvant un peu de calme et de confiance, Jorhgan se plaça au centre du pentacle et rouvrit le liber obscurantis. Il chanta alors la dernière psalmodie. En même temps que les phrases s'écoulaient de sa bouche, sa voix se démultiplia, reflétant un choeur d'un millier d'hommes et de femmes. Les barrières entre le monde réel et la dimension du chaos s'estompaient peu à peu. Des esprits errants apparurent autour du bataillon chaotique, lançant sans cesse des plaintes tristes annonciatrices de mort. Les hommes se mirent à souffler une fumée rouge et des éclairs zébrèrent le ciel de minuit.
Jorhgan sentait la puissance magique affluer, traverser ses veines et ses yeux, passer par son cœur, voyager dans ses poumons. Les mots venaient tous seuls, il connaissait l'incantation par cœur.
Lorsqu'il prononça la dernière syllabe, le temps se figea autour d'eux. Les éclairs étaient stoppés net dans les airs. Eux pourtant, continuaient à bouger. Un énorme craquement se fit entendre, comme si la montagne entière se brisait en deux. Apeurés, les guerriers du chaos tournèrent la tête en tous sens, mais il était déjà trop tard. Leur pieds s'enfonçaient maintenant à travers la roche comme si il s'était s'agit de sables mouvant. La pierre fondait sous eux, brûlant toute matière avec elle. Lentement, ils glissaient dans l'autre monde. Jorhgan lui, se mit à rire. Il la tenait enfin sa vengeance. Il se délectait à chaque hurlement de ses hommes, et après un bref instant de jouissance, cria dans les airs.
-Ô Dieux, je vous offre ce sacrifice, prenez leur vies comme symbole de mon dévouement total en vos projets!
Plusieurs voix porteuses de malédictions à son encontre s'échappèrent de ce qui était maintenant devenu un champ de magma en fusion. Cela ne faisait aucun doute, c'était le plus beau jour de sa vie...
Mais soudain, pris d'horreur, il cessa de rire. À son tour, il s'enfonçait dans le sol, sentant déjà les feu bouillonnant mordre son armure. Jorhgan ne comprenait pas, il n'était absolument pas question d'une pareille chose dans le liber obscurantis. Il tenta vainement de s'échapper, mais es muscles ne lui répondaient déjà plus qu'à moitié, paralysés par la douleur insupportable qui lui rongeait les jambes. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Ce n'était pas prévu, absolument pas prévu. Dans un dernier râle, Jorhgan disparu entièrement dans les flammes. Et, contre toute attente de sa part, ouvrit les yeux. Il n'en revenait pas, il était réellement dans l'autre monde. Il voulu regarder ses jambes, pour se rassurer, mais constata très vite qu'il n'en avait plus. Pas plus que de bras, de corps ou autre. Il n'était qu'un esprit. Mais il pouvait sentir. Il sentait la chaleur légère d'un feu lointain, il sentait le mouvement improbable d'un vent puissant, il sentait l'odeur acre de la fumée...