* Le soleil baissait à l'horizon. Le vent se levait, brassant des innombrables grains de sable qui recouvraient patiemment les constructions de Menekarha. La ville naguère pleine de vie s'enfonçait chaque jour un peu plus dans la chaude quiétude du désert de Nehekhara; la plupart des constructions étaient en piteux état, après plusieurs siècles passées à s'éroder, laissées à l'abandon par les humains. *
* Dmitriev rappela ses compagnons à l'ordre. Le but de leur voyage était enfin à portée de main : Menekarha et ses prétendues richesses. Ses compagnons étaient épuisés de ces journées passées dans le désert, mais leur instruction militaire n'avait pas totalement disparu sous la lâche désinvolture mercenaire qui était la leur depuis maintenant plusieurs années. Ils étaient tous des anciens soldats impériaux, rescapés d'un combat qui avait mal tourné contre des Druchii. Lassés de craindre pour leur vie à chaque défense de village, plusieurs dizaines de militaires avaient déserté l'armée le jour où un sorcier du nom de Zelaram avait à lui seul créé des dizaines de veuves dans le " glorieux Empire ". *
* Depuis, ils étaient restés solidaires, l'appât du gain n'ayant pu briser les liens noués pendant des années de service militaire. De petits boulots en missions aventureuses, ils s'étaient fait un petit nom parmi les chiens de guerre. La " Fédération Gardienne des Trésors Bigarrés " (FGTB pour les intimes) était spécialisée dans le recouvrement d'objets perdus, volés ou en possession de personnes qui ne le méritaient certainement pas. Peu importait les raisons pour lesquelles un objet devait être recouvré; si un riche mécène payait, c'est que la raison était bonne. *
* La dernière mission était prometteuse : un riche marchant de Tilée leur proposait de ramener des reliques enfouies et oubliées dans les ruines de Menekarha. La somme proposée valait largement les désagréments de la chaleur et des piqures de scorpion. La somme suffirait à la plupart des compagnons pour s'acheter une ferme ou un petit commerce en Tilée et vivre leur vie dans la douce chaleur du pays. *
* Une soudaine bourrasque de vent chassa les pensées de Dmitriev. Un ordre bref claqua : *
- Kurt et Karl, les flancs. Heingel, nos arrières. Les autres, restez près de moi. L'on raconte que des choses plus malveillantes que des petits scorpions rôdent dans ce désert; je n'ai aucune envie de tomber sur un aigle mutant du chaos * à ce mot, plusieurs compagnons crachèrent de dégoût * ou d'un vieux piège oublié. Pas envie de traîner un blessé sur le retour.
* Habitué à obéir avant même de réfléchir à un ordre, les 9 compagnons de Dmitriev se mirent en position en silence. Sans raison apparente, la tension montait. Le sable semblait s'insinuer entre les pieds des mercenaires, le vent semblait s'obstiner à leur envoyer de face des rafales de poussière leur gênant la vue, tandis que les constructions semblaient s'éloigner plutôt que se rapprocher d'eux. Des idées stupides, certes, mais la troupe n'était pas tranquille. Kurt et Karl tripotaient nerveusement leur veille lance, et finalement le transport de leurs boucliers fendus leur semblait avoir été un fardeau des plus tranquilisant. Heingel quand à lui avait sorti son arbalète, gagnée lors d'un duel contre un jeune nain. Le fait que ce dernier ait été complètement à jeun avait sans doute aidé Heingel à gagner... et l'arbalète avait été d'un précieux secours contre les boucs vindicatifs qu'ils avaient dû affronter la semaine passée pour ramener le pendentif au vieux forgeron... *
* La troupe se remit en marche et finit par atteindre les restes des murs de protection de la petite ville. *
- Dmi', t'sûr qu'on doit rentrer dans ces ruines ?
* Dmitriev regarda sévèrement Heimrich. C'était le plus vieux du groupe, mais ce n'est pas pour cela qu'il avait l'expérience pour lui; il n'avait jamais été de ceux qui se pressent en première ligne, fût-ce pour défendre un Comte. Sa bourse cependant semblait plus le motiver, et cette cupidité alliée à une certaine lenteur d'esprit faisait que Dmitriev avait relativement confiance dans le vieil homme. *
- Ouais. On rentre, on trouve l'ancien palais, on fouille et on s'barre. Ca pue ici, et pas que la vieille caillasse. Mais ce s'ra la dernière les amis; après, on ira boire jusqu'à plus soif chez Maryse ...
- T'boiras si t'veux, mais mi j'forniquerai plutot qu'boire, jusqu'à ce j'sente plus mes couilles, j't'le dis !
* Un léger sourire apparût sur la plupart des visages après cette semi boutade d'Heimrich. Il était sans doute plus proche de la vérité que Dmitriev sur ce qui se passerait après le retour, et ces pensées raffermirent l'esprit du groupe, à défaut d'autre chose. *
* Le groupe progressa lentement dans la ville, suivant ce qui fut sans doute l'artère principale, depuis longtemps enfouie sous le sable. Des colonnes menaçantes se dressaient encore le long de la route, gravée de symboles incompréhensibles. Ces colonnes rapporteraient des fortunes, si une expédition avait seulement le courage de venir jusque dans ce trou perdu au milieu de nulle part... La route menait en ligne droite à une imposante construction, sans doute le palais des dirigeants de la cité. De forme pyramidale, elle n'était cependant pas très haute, mais imposait une certaine crainte parmi ceux qui la contemplaient. Le soleil se couchait et la pyramide projetait des ombres qui couvraient toute une partie des constructions qui entouraient la pyramide. Un reste de mur entourait le palais et ses dépendances, rappelant si besoin était que cette partie de la ville n'était à l'époque sans doute que peu accessible à n'importe qui. *
* Et sûrement pas à des pillards.
Lun 27 Nov 2006 - 22:00
